Earth Challenge : Le grand départ

Bankstown airport. 7 heures. L’Australie vient de changer ses horloges. Une heure de sommeil en plus, ou d’insomnies c’est selon. Le soleil vient donc de se lever que déjà les fourmis s’activent autour de leurs engins volant. Après deux semaines d’intenses préparatifs, de vols de reconnaissance, de plâtres essuyés, l’heure H approche. Quinze jours de durs labeurs pour rôder les appareils, réparer les petites casses : Un pneu crevé, un pare-brise fendu. Deux semaines durant lesquelles il nous aurait fallu  des jours de plus de 24 heures pour peaufiner, lécher la besogne. Répondre aux mille et une sollicitations. Accueillir des visiteurs officiels comme Serge Wittocq, délégué de l’AWEX à Sydney, répondre aux invitations des journalistes dans les studios de radio de SBS.  Mais voilà cette-fois on y est, le départ des quatre ULM est prévu à 8 heures. Une chaine de télévision australienne est présente pour immortaliser l’événement. Un de nos plus ardent supporter, Philippe Wilmotte, un belge résidant à Sydney depuis 15 ans est aussi là. Pour ce premier vol en formation , l’ULM cargo chargé comme un mulet sera piloté par Olivier Ronveaux.  Trois binômes complètent cette étrange patrouille de France ou plutôt de Belgique. Alexandre Gallina et Pierre Hallet, Olivier Stulemeijer et Jean Peninckx, Jean-Claude Materne et moi-même. Photo de groupe. Sourire confiant. Check en cockpit. Moteur. Clear for take off. La tour de contrôle donne le GO. Les quatre oiseaux s’élancent dans le ciel de Bankstown. Nous quittons l’attachant John Cameron et le hangar de JC Aviation vers nos lointains horizons. La grande aventure a débuté avec tout ce qu’elle comporte de mystères. L’inconnu nous tend les bras. Nous allons très vite le connaître. ..

Cap sur Nelson bay vers William Town. Ses lacs inondés de soleil, ses bras de mer, ses surfeurs, ses plages immenses que nous tutoyons des ailes. Vol en rase-motte au dessus des rouleaux de vagues et des plages infinies. Mains agitées vers le ciel de ceux qui du plancher des Kangourous voient passer ces minuscules libellules de tubes et de toiles.
C’est Jean qui officie à la radio guidant de main de maître cette escadrille ultra-légère. «Coffs Harbour Tower, Good day. Fox Zero Eight Juliette November and company request special VFR… » Car après l’éblouissement d’un vol façon “Icare”, les nuages s’amoncellent. La visibilité plus délicate. Le crachin ne tardera pas à s’inviter. C’est à Coffs Harbour que nous faisons étape. Rapide plein de carburant. Rencontre sympathique avec Paul, le chef de la sécurité de l’aéroport qui nous confirme ce que nous lisions quelques jours plus tôt dans les gazettes. La ville a été inondée par les pluies. 200 maisons détruites, des milliers de personnes évacuées. D’en haut nous apercevons aisément ce trop plein d’eau qui envahit les cultures. L’Australie du Sud et sa sécheresse sont déjà bien loin. Cet immense pays-continent est décidément celui des extrêmes climatiques.  Au loin le ciel se noircit, se bouche, nous touche. Plafond bas. A peine 500 pieds, 150 mètres, nous séparent de la terre ferme. Des falaises abruptes et du bouillon d’écumes. Mais nous passerons au travers de la brume, de la bruine, du tohu-bohu de cumulus et de stratus, pour longer les gratte-ciels de Gold coast, sa Tweed river et ses paysages contrastés. Cinq heures se sont écoulées. Cinq heures d’un vol aussi fascinant qu’ harassant. Brisbane est en vue. Nous y passerons un tour d’horloge. Un de plus. Dans cette aventure inédite, réglée jusqu’ici sans fausse note , comme sur du papier à musique.
 
 
Michel De Maegd / Jean Penninckx / Olivier Stulmeijer / Pierre Hallet
Olivier Ronveaux / Jean Claude Materne
Alexandre Gallina