Dubaï : La folie des grandeurs

 C’est la  ville de tous les superlatifs. La plus folle, la plus exubérante. Parée de centaines de gratte-ciel, elle se veut la plus belle, la plus attirante. Alors elle s’émancipe sur les terres arides du désert. Des grues par milliers tous azimuts au royaume du béton armé. Ouverte sur le Golfe Persique, Dubaï n’était jadis qu’un port réunissant des pêcheurs de perle. Désormais c’est l’émirat tout entier qui revendique le statut de perle du désert… Les projets les plus fous y prennent naissance : Tel un somptueux voilier, l’hôtel Burj-Al-Arab, achevé en 1999, culmine à 321 mètres au dessus de la mer. A ses pieds, le Jumeirah prend lui la forme d’une vague… Dubaï, c’est le paradis des architectes. Aucun projet immobilier n’est trop pharaonique. A la mesure de la démesure, les Cheiks dépensent sans compter pour éblouir le monde. Cette folie des grandeurs a donné naissance à Burj Dubaï : La plus haute tour du monde ; 211 étages, 819 mètres… Que dire alors de ces terres gagnées sur la mer. Palm island réunit trois archipels ; autant de presqu’îles en forme de palmier. Un tronc central, des palmes où construire de somptueuses villas, des chantiers gigantesques voire insensés au moment où l’on redoute une élévation des eaux des océans. Sûre d’elle, Dubaï persiste et signe ; grignote chaque mois un peu plus d’espace sur la mer… On y invente « the world » : chapelet d’îles qui du ciel représente la carte du monde, rien de moins ! Dubaï c’est encore une gigantesque piste de ski intérieure là où le soleil brûlant fait grimper le thermomètre à plus de 50 degrés…  Où comment repousser les limites de l’absurde : Imaginez le coût énergétique d’un tel caprice d’émir. Comme l’émirat qui porte son nom, l’excentrique Dubaï ne cesse de grandir ; Tel un décor en carton pâte affichant fièrement strass et paillettes et ouvrant ses boulevards aux plus luxueuses des limousines. Mais toute médaille a son revers. La fulgurante expansion de la cité affecte son environnement. Il suffit de s’écarter du cœur de la ville pour être confronté à une autre réalité. Les ordures et déchets jonchent le sol aux abords des autoroutes. Un désert en guise de dépotoir  à l’ombre des gratte-ciel. Que dire de ces milliers de camions citernes qui chaque jour acheminent le contenu des fosses sceptiques de la ville vers une immense décharge… Dubaï la belle n’a pas de réseau d’égouts ! Qu’importe : Les émiratis ont foi en leurs projets. Dans les années à venir ils se tourneront vers les énergies solaires et éoliennes pour anticiper le lent épuisement des stocks de pétrole.  Mais tant de défis restent à relever : celui de l’eau, l’or bleu si rare au pays de l’or noir. Celui de l’air pollué par de fréquentes tempêtes de vent qui soulèvent les poussières en bourrasques… Celui du futur qu’il faudra s’inventer pour ne pas regretter les excès du passé. De tout cela nous avons médité devant le splendide coucher de soleil qui s’endort sur les dunes de sable fin. En compagnie de notre ami belge, Philippe Aerts.   Sans lui ce passage à Dubaï n’aurait pas eu la même saveur… Merci Philippe, Bye bye Dubaï !